La mélisse

19 octobre 2025

La Mélisse de la famille des lamiacées, cousine du thym, de la sauge, du romarin, de la germandrée, de la menthe et de bien d’autres espèces….
Elle a encore un parfum de printemps et d’été, tant celui-ci est présent dans ses feuilles qui ont train fini de séchées sur une claie dans le salon….

Illustration Simone Sarah Chabert (Aquarelle)

Connue aussi sous différents noms : Mélisse citron, Mélisse citronnelle, Piment des ruches, Thé de France ; mais la nommer « Citronnelle » créé une confusion avec une autre espèce : les Cymbopogons tout particulièrement Cymbopogon citratus ou citronnelle plante très utilisée en cuisine asiatique et dont le feuilles peuvent ressembler un peu à celles du poireau sauvage.
On trouve une sous-espèce : Melissa officinalis ssp altissima plus grande et élevée principalement en Corse. Une autre espèce, peu confusible également, connue sous plusieurs dénominations latines suivant le temps : Melita melissa ou Melitis melissophyllum ou Melitis sylvestris la Mélitte à feuille de mélisse dont les longues fleurs « « blanc rosé » pendent d’un seul côté de la tige.
Son nom vient du grec  = mélissa « abeille », qui vient lui-même de  = meli « miel ». En hittite, melit signifie « miel ».
En grec le terme « melissophullon » qui signifie « feuille à abeilles, herbe aux abeille ».

Pour information : abeille se disant an latin Apis melifica et en hébreux Devorah ayant donné le prénom Déborah, tout comme mélisse a donné celui de Mélissa…

Probablement originaire d’Asie Mineure, de Turquie son biotope naturel est le bassin méditerranéen.
Elle est facilement reconnaissable car la seule à avoir cette morphologie.
Mélisse est une plante herbacée vivace de 0 à 80 cm de haut, les tiges sont dressées, a section carrée comme pour toutes les lamiacées. Ses feuilles sont opposées et alternes, ce que l’on nomme « décussées » en botanique, elles sont ovales, légèrement gaufrées (comme ses cousines : sauge sclarée, et menthe poivrée) et finement dentelées. Quand on les froisse fraiches ou sèches elles exhalent une fragrance citronnée. Ses fleurs blanches, regroupées à l’aisselle des feuilles, ont une belle corolle bilabiée (à 2 lèvres) d’environs 12 à 15 mm de long, la lèvre supérieure est formée de 2 pétales soudés, l’inférieur de 3 c’est une fleur symétrique sur une axe vertical…Elle est insérée dans un calice cloche. Ses graines sont minuscules rondes et brun très foncé. La plante est

On la trouve le plus souvent dans les jardins ou des zones de culture, elle aime le soleil et une certaine humidité. On peut la trouver sauvage parfois mélangée aux orties souvent proches des lieux habités, comme si elle s’était échappée du jardin. Elle fleurit d’Avril à Juillet suivant l’altitude.
On utilise principalement les parties aériennes, soit de façon distincte en séparant feuilles et fleurs soit mélangées comme pour une teinture par exemple. Vous l’avez compris c’est une plante très mellifère, de fait elle attire les essaims…


Photo Simone Sarah Chabert- jardin du couvet des fleurs

« Autrefois en Corse, et probablement ailleurs, certains apiculteurs se contentaient de la cueillir au bord des fossés et de frotter l’intérieur d’une ruche avec la plante fraîche juste au moment de la capture de l’essaim, pour inciter celui-ci à adopter son nouveau logis ».
Ses feuilles sont récoltées entre juin et septembre, ou lors d’une repousse si la taille a été précoce, puis elles sont séchées.

USAGES INTERNES, EXTERNES ET PROPRIÉTÉS

« Elle est traditionnellement utilisée pour ses propriétés apaisantes sur le système nerveux et le système digestif. Son usage a été popularisé par des préparations élaborées dans des monastères l’Eau de Mélisse des Carmes, par exemple ». Sic le Vidal.
Elle servait à soigner en interne :

  • Les migraines digestives
  • Les névralgies faciale, dentaire, de l’oreille, de la tête 
  • L’émotivité, crises nerveuses, convulsions, épilepsie
  • Les syncopes, vestiges, bourdonnement d’oreilles 
  • Les spasmes de l’asthme
  • Les difficultés ou spasmes digestifs et/ou cardiaques
  • Les déficiences intellectuelles et de mémoire 
  • La mélancolie
  • L’indigestion 
  • Les règles douloureuses
  • L’anémie…

Et en externe : les piqûres d’insectes


Photo Simone Sarah Chabert- jardin du couvet des fleurs

Ses principales propriétés sont :

  • Tonique sur le cerveau, le cœur, l’utérus
  • Tonique sur l’appareil digestif et elle peut augmenter le flux biliaire,
  • Stomachique et carminative
  • Stimulante sur les plans physique et intellectuel
  • Favorise les règles
  • Antispasmodique colon et estomac
  • Sudorifique, vermifuge…
  • Calmante du système nerveux (régulation ortho et para)
  • Relaxante d’où un effet sur la tachycardie
  • Antifongique

Pour les problèmes de sommeil elle était souvent associée à la Valériane officinale.

DIFFÉRENTES FORMES

Les plus souvent elle est transformée en vin, alcool, infusion, décoction, macération, teinture, extrait, sirop, élixir floral...

Sa signature et entre Vénus et Mars, Vénus pour sa douceur, son arôme, sa couleur et Mars pour la forme de sa feuille.
Je dis souvent en formation, que si nous voulions avoir une représentation de la grande famille des Lamiacées, il nous faudrait dessiner une voute romane, dont la clé de voute serait dévolue à la Mélisse !
Nous aurions en fait à gauche les lamiacées à tendance froide et humides et perdant du froid et de l’humidité en montant vers la clé LA MÉLISSE, puis en descendant à droite, les lamiacées des plus en plus sèches et chaudes….
Ce qui m’impressionne d’ailleurs dans la musique qu’Éric a enregistré, après avoir fait notre demande et avec eu son accord, c’est les sons aigus qui nous tirent vers le haut de la voute (Mars), mais c’est aussi un ensemble de sons doux et réguliers, paisibles et amples qui nous remplissent le centre cardiaque (Vénus)


Photo Simone Sarah Chabert- jardin du couvet des fleurs

Son élixir floral est expérimental, Sans doute est-ce dû au désintérêt que l’on porte à la plante depuis le début du XXe. Pour autant cette position de clé de voute, devrait en faire, si ce n’est une panacée, une CLÉ de soin, dans le sens de l’équilibre, du retour à l’axe primordial de Soi, a une verticalité douce et pas forcée, à une ouverture spirituelle délicate et dédiée. Cet EF est disponible pour les thérapeutes…

EN AROMATHÉRAPIE

C’est une HE recherchée, mais aussi parmi les plus chères, tant son rendement est faible. Elle se rapproche de la rose qui elle demande une grosse main-d’œuvre de cueillette (1 jour sur deux en période de floraison).
Elle est le plus souvent produite en Bulgarie, Grèce, France (c’est plus rare…) ; d’autres origines bien moins méditerranéennes sont possibles : en Afrique du Sud, Iran, Allemagne, Pologne…

L’HE est obtenue par hydrodistillation de ses feuilles fraîches, récolté avant floraison. Certains se permettent de distiller des rameaux feuillus, les excès de tiges alourdissant la subtilité de la fragrance.


Photo Simone Sarah Chabert- jardin du couvet des fleurs

Lors de cette hydrodistillation le rendement est très faible. Il existe toutefois un chercheur un peu fou et terriblement génial du nom d’Albrecht Von Keyserlingk, qui en a augmenté le rendement par co-distillation, mais il ne nous a pas livré quelle était la « co-plante » qui pouvait entrainer l’HE et sa merveilleuse odeur…
Comme toutes les distillations, la composition finale varie beaucoup selon la provenance de la matière première, ici de sont des moyennes qui sont données :

Les principaux constituant de l’huile essentielle sont :

  • Citral trans géranial 25,60% de 30 à 40% ; Citral cis néral 15 à 45% et donc un total de citral pouvant atteindre 70% aux propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes, analgésiques et neuroprotectrices.
  • Citronellol (trans géranyl + cis nérol) 0,2 à 3% propriétés insectifuges
  • Citronellal 2 à 15 % propriétés Anti-inflammatoire, hypotensif, calmant et sédatif
  • Géraniol 2 à 10 % antifongique, antibactérien et anti-parasitaire. Aide à la gestion de la glycémie, et soulage l’athérosclérose (maladie des artères)
  • Germacrène-D 2 à13% il semble avoir une activité insecticide contre les moustiques, ainsi qu’une activité répulsive contre les pucerons et les tiques
  • Limonène 0 à 1,2% favoriser la cicatrisation des plaies et l’anabolisme, tout en améliorant le stress, la dépression, l’inflammation, le stress oxydatif, les spasmes et les infections virales.
  • Eugénol 0 à 0,05% vertus antiseptiques et analgésiques (très utilisé dans le domaine dentaire contre toutes les affections buccales) ou comme décongestionnant des bronches. Efficace sur certaines candidoses de la flore intestinale.
  • Linalol 0 à 1,8% Il possède des propriétés anti-inflammatoires, antiseptiques et calmantes.
  • Caryophyllène 2 à 23% Antispasmodique, antibactérien, sédatif, décontractant, antidouleur

Il y a aussi des flavonoïdes, des polyphénols aux effets antiviraux entre-autre contre l’herpès et antimicrobiens

Une recherche faite en Grèce montre que l’huile essentielle extraite de feuilles récoltées dans trois communes de Grèce contenait du  -pinène (6,4 à 18,2 %), du sabinène (6,9 à 17,4 %), du (E)-caryophyllène (7,2 à 15,3 %) et de l’oxyde de caryophyllène (12,6 à 24,4 %) comme principaux constituants, mais pas de citral ni de citronellal.
En Turquie il semble que ce soit le caryophyllène oxyde, pour la variété Melissa altissima, qui soit leplus présent de 33 à 44,5%

Dans un monde sous tension comme aujourd’hui, il serait judicieux de lui redonner un peu de panache tant en phyto qu’en EF, voir aussi en Aromathérapie (malgré son prix) et peut être en eau florale…


Photo Simone Sarah Chabert- jardin du couvet des fleurs

EN PLUS :

Je lis sur Wikipédia au chapitre usage thérapeutiques : « que L’« eau de mélisse » aurait des propriétés antispasmodiques mais n’a, par exemple, aucun effets sur le bruxisme ».
C’est méconnaitre les causes mécaniques du bruxisme, sans soigner les causes mécaniques rien ne peut le réduire ou l’arrêter… Il faut une intervention ostéopathique sur un ATM bloqué, qui l’a généralement été suite à un choc. La part psychologique du choc, peut être réduite avec la mélisse, l’oranger amer, ou d’autres, certes ! Mais si la problématique mécanique n’est pas traitée antérieurement toute prescription qu’elle soit phyto, ou aroma ou EF est caduque.

La récolte de toute la partie aérienne se fait en début de floraison le matin après dissipation de la rosée, vers la Saint Jean jusqu’à mi-août. On la sèche en bouquets lâches, elle ne doit ni noircir (trop d’humidité) ni jaunir (trop de soleil direct), à l’ombre, très aérer afin qu’elle conserve de la souplesse. Après dessiccation, son odeur reste intacte au froissement. La Mélisse peut être conservée dans des sacs en papier (papier peut encollés) ou dans des pots en grès.

Théophraste (-371 à -288) et Hippocrate (-460 à -370) en vantaient déjà la capacité à calmer les maux de ventre.

Hildegarde de Bingen (1098-1179) voit en elle une plante majeure, comme l’Agripaume cardiaque sa cousine, ou dans la famille des apiacées, l’Impératoire… Certaines de ces plantes ont joui d’une notoriété justifiée, puis ont été délaissée au profit d’autres plus exotiques, ou au profit de la chimie naissante.

Dès 1611 « l’eau » dite ‘Eau de Mélisse des Carmes’, qui n’est rien d’autre qu’un alcoolat d’herbes médicinales, était très appréciée du Cardinal Richelieu qu’il utilisait régulièrement pour apaiser ses migraines. Cette habitude à faillit lui couter la vie, car bien connu de tous, elle permit à ses ennemis, d’y introduire un poison. Mais l’odorat développé de Richelieu lui permit de déjouer le complot. Le cachet rouge pour sceller les flacons est la couleur du Cardinal, les Carmes eurent ainsi le privilège de les cacheter ainsi grâce à cet évènement remarquable

En 1709 Louis le quatorzième accordera au carme une exclusivité sur leur eau. Sa belle-sœur la princesse palatine en consommait beaucoup, mais l’histoire ne dit pas si elle consommait autant de mélisse des Carmes que son beau-frère, Napoléon, consommait de la « Cologne » de Jean-Marie Farina… l’eau de Mélisse était proposé "contre les vapeurs, l’apoplexie, les syncopes, les évanouissements, les obstructions du foie, de la rate, des reins et (c’était) surtout un ami du coeur qu’il réjouit et fortifie dans ses faiblesses".


Photo Simone Sarah Chabert - jardin du Couvet des fleurs

En 1788 Poncelet en donne une recette qui semble très complexe et confirme : « cette eau s’est acquise une réputation égale à celle de l’Eau de la Reine de Hongrie ; on la préfère même dans bien des circonstances". L’eau de la reine de Hongrie est-elle, à base de Romarin, un cousin de la Mélisse… 
L’eau de Mélisse des Carmes est au codex, on vous en donne une recette plus loin, mais on en trouve aussi une aussi dans le Dorvault de 1850 ! (ouvrage téléchargeable sur le site de Gallica, juste une précision il a plus de 700 pages).

1792 Mélisse est un prénom révolutionnaire qui est lié à l’herbe aromatique et mellifère, la Mélisse fût attribuée au sixième jour du mois de Prairial soit le 25 mai dans le calendrier grégorien.

1837 J. Roques lui consacre quelques pages dans son Nouveau traité des plantes usuelles

1868 Cazin en propose quelques recettes : traité pratique et raisonnée des plantes med. Indigènes 

Valnet  : elle serait un brevet de longévité

RECETTES :
La poudre de mélisse est obtenue par broyage des feuilles, on peut aussi extraire l’huile essentielle, à usage externe. Des teintures et des extraits liquides sont également obtenus par extraction dans l’alcool.

Infusion, une cuillère à dessert de sommités fleuries par tasse d’eau bouillante. Infusion 5 à 6 minutes.
Vin  : 20g pour 1L de vin blanc, faire bouillir le tout 2 à 3 minutes filtrer et boire 1/2 verre par jour
L’alcoolat présent sur le codex est a utilisé 2 à 5 g par jour sur du sucre ou dans du miel…
Eau de Mélisse des Carmes (il existe différentes recettes)
« Dans une huche en grès mettre 3 litres d’esprit de vin à 33°, 500g de feuilles et fleurs de Mélisse, de la racine d’Angélique pour 16 g et 125 gr de zeste de citron. Boucher et laisser macérer 9 jours en agitant tous les jours, filtrer en exprimant, remettre dans une cruche, rajouter 200 g de Coriandre, 40g de noix de Muscade, 4g de la Cannelle et 2g de Girofle le tout concassé
Boucher et laisser macérer 9 jours en agitant tous les jours passer exprimer ajouter 350g d’eau distillée (ou mieux d’orage) laisser reposer 24 heures, filtrer à nouveau et mettre en bouteilles. Consommer par petit verre (stomachique antispasmodique, pour coupures ou plaies. Ne pas consommer en cas de forte chaleur.


Photo Simone Sarah Chabert - jardin du Couvet des fleurs

EN CUISINE

En dehors des infusions sa saveur citronnée est recherchée en assaisonnement de poissons, de salades et de desserts.
Afin d’en conserver tout le parfum on la préfère crue,

  • On choisit des jeunes feuilles que l’on mélangera avec de salade verte.
  • Ciselée grossièrement elle peut être posée au dernier moment sur un poissons
  • Ciselée finement elle apportera une touche fraîche sur une salade de fruit, comme pourrait le faire la sauge ananas

Elle est un vrai bonheur si l’on préserve sa fraicheur dans un papier humide dans le réfrigérateur on la conserve plusieurs jours.
On peut l’utiliser aussi dans des cuissons à la vapeur ou en papillotes, pour des viandes blanches, des poissons blancs, des légumes de printemps : carottes, jeune pomme de terre, haricots, etc.

CULTURE

Cultivée dans les jardins (on en a des traces dans l’antiquité, mais elle devait l’être bien avant), dans une partie humide et ensoleillée, elle donne un beau feuillage, et colonise rapidement. Melissa officinalis a sa place dans les « jardins de curé » terminologie que je déteste…

Je pense qu’elle a sa place dans les jardins des monastères ceux qui étaient composés de 4 parties plus un cercle au centre… chaque partie contenait soit des aromatiques, soit des médicinales (la mélisse était là), soit des alimentaires, soit des toxiques…

Le cercle lui était dévolu aux plantes de la Vierge, celle qui ouvrait la porte du ciel (d’où le cercle), on trouvait là entre-autre l’Angélique archangélique ; le Cœur de Marie ; le lys blanc ou lis de la Madone ; la Stellaire Holostée ( anciennement nommée Stella maris ou étoile de la Vierge), la rose blanche dont Rosa rugosa alba est une belle représentation ; les asters tout particulièrement le Chrysanthème : Chrys qui signifie or et anthemon qui signifie fleur, quoi de plus lumineux qu’une fleur d’or ! plus rarement de la vigne vierge que l’on préférait mettre en plate-bande, pour qu’elle couvre les murs protégeant ainsi l’habitation d’une énergie virginale. Et bien d’autres…

Aujourd’hui on en trouve de nombreux cultivars :

  • ‘aurea’ au feuillage doré
  • ‘Citronnella’ (citronnelal)
  • ‘Lemonella’ (citral)
  • ‘Lime’ (limonène)
  • ‘Altissima’
  • ‘Variegata’
  • ‘Quedlinburger Niederliegende’…

En savoir plus :
https://www.medicaunaplanta.com/spip.php?article45
https://theses.hal.science/tel-01340043/file/These-Ophelie-Bazzali.pdf
https://www.lapousseverte.fr/2020/09/29/recette_cuisine_melisse_aromatique/

Livres
Une pièce de théâtre attribuée à Molière…
Toute une série d’ouvrage pour enfant porte le nom de la plante devenu prénom d’une enfant :
Mélisse et le pont arc en ciel ; Méditations de Mélisse ; La maison de Mélisse ; Mélisse et le puit magique…

 

Derniers commentaires