Les Pommes Sauvages & La Vie Sans Principe de Henry-David Thoreau

10 janvier 2024

Fortes de leur travail de longue haleine autour de l’oeuvre de Henry D. Thoreau – la publication inédite de l’intégralité de ses essais en 2007, suivie de la traduction par Brice Matthieussent de son chef-d’oeuvre Walden en 2010 et d’une anthologie du Journal en 2014 – les éditions Le mot et le reste mettent à portée de tous les lecteurs les écrits de cet auteur incontournable. Par un travail de réhabilitation de ses textes d’abord, par la déclinaison de chacun de ses essais en format de poche ensuite.

À l’image du recueil Essais chaque volume sera rehaussé d’un appareillage critique assuré par le spécialiste français de l’oeuvre de Henry D. Thoreau : Michel Granger. Dans Les Pommes sauvages, un de ces magnifiques textes littéraires bordés d’observations naturalistes qui caractérisent l’écriture de Thoreau, l’auteur, après avoir dressé une histoire des pommiers en Occident et de leur migration inséparable de celle des hommes, s’épanche sur les qualités à la fois gustatives, olfactives et esthétiques des pommes sauvages. Non, la pomme n’est pas un fruit défendu. C’est un des trésors de la nature qu’il faut voir, goûter et apprécier à sa juste valeur.

Les Pommes sauvages - Henry David Thoreau - Traduit de l’anglais par Nicole Mallet

Notes de Michel Granger : Ces fruits doivent être mangés dans les champs, lorsque l’exercice vous a stimulé le système, que le froid glacial vous pince les doigts, que le vent souffle avec fracas dans les ramures dénudées ou fait frissonner les quelques feuilles qui restent encore, et qu’on entend le geai pousser ses cris alentour. Ce qui paraît acide à la maison est rendu doux par une marche vivifiante. Il faudrait étiqueter ainsi certaines de ces pommes : "à consommer dans le vent." Dans son désir d’une pensée de qualité, Thoreau recommande de ne pas laisser la "poussière de la rue" envahir son esprit, de le protéger contre la profanation par l’actualité frivole : il résiste avec vigueur pour rendre le cerveau indisponible aux sollicitations médiocres d’une société qui, dans sa quête matérialiste, a perdu le sens de l’humain.

Henry David Thoreau, infatigable arpenteur des espaces sauvages, nous rappelle dans ces deux textes qu’il n’est qu’une richesse digne d’être cultivée, celle de notre vie intérieure, et que ce travail profitable entre tous passe par la vie en plein air et l’attention portée aux fruits de la nature.

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