HUILE ESSENTIELLE DE LAVANDE

21 juillet 2023

BOTANIQUE ET ESPECES :
Il existe beaucoup d’huiles essentielles de différents lavandes (en fonction des biotopes des cultures des espèces…). 
Pour les principales disponibles en France :
1 / Lavande fine et lavande vraie dont le nom scientifique est Lavandula angustifolia, parfois appelée à tort lavande bleu qui est une sous espèce d’angustifolia que l’on nomme « hidcote » (dotée d’un port compact à fleurs bleu violet foncé sur un feuillage persistant, vert argenté).
2 / Lavande aspic : Lavandula latifolia
3 / Lavande stéchade : Lavandula stoechas dont la sous espèces « lusierii » ou « « lavande Séville est fort intéressante.
Il existe aussi l’HE Lavandin mais c’est un hybride de la lavande fine et aspic.

Nous rappelons ici que l’HE de Lavande fine est obtenue par distillation à la vapeur d’eau et qu’elle a un rendement aux alentours des 3%.

Ces trois espèces font partie de la famille des lamiacées, une famille que l’anthroposophie éclaire dans sa fonction « chaleur », en effet les lamiacées apportent de la chaleur dans le corps, et aident aux « refroidissement et à leurs conséquences ». Mais il n’est pas lieu de faire une article sur l’anthroposophie même si celle-ci fait partie de notre approche globale.

LAVANDULA ANGUSTIFOLIA

Nous ne présenterons ici que la Lavande Fine L. angustifolium.

J’aime ce mot de « fine » car quand elle est distillée dans l’art, elle est si fine que rien en elle est entêtant. C’est aujourd’hui « La lavande » qui fait la spécificité de la production française. La production française ne peut combler le marché intérieur c’est pourquoi on pouvait trouver des lavandes d’Ukraine même en bio ! Restons vigilants à la provenance, la différence de prix en vaut le coup !

On trouve L. angustifolia à l’état sauvage dans les montagnes sèches du sud de la France de 600 à 2000 m d’altitude.

En culture, la lavande vraie et les lavandes dite « population » : se font sur semis du genre Lavandula angustifolia (individus qui sont tous différents par leurs couleur, taille, note olfactive). Les deux principales lavandes sélectionnées et reproduites, par bouturage ou clonage, sont : la lavande maillette et la lavande Matheronne qui représente plus de 500 hectares cultivés. Elles ont été choisies pour leur rendement et surtout leur résistance. D’autres variétés ou clones sont à l’étude actuellement.

C’est une plante qui peut supporter l’altitude jusqu’à 2000 m en fonction du sol et de l’exposition.

Elle a été longtemps distillée sur son aire de récolte sauvage, jusque dans les années 1905. La demande étant de plus en plus grande elle a été mise en culture, les tentatives concluantes ont permis de la développer en dehors de la zone d’origine.

De 1920 à 1960 la production de lavande a contribué à enrichir une zone de montagne sèche du sud de la France, difficile à valoriser par leur aridité.

Dès les années 1960 la demande en produit a atteint un record, la production est montée à 150 tonnes d’HE produites… et tombe en 1992 à moins de 25 tonnes par an. A cette époque la lavande se fait doublée par le lavandin et les produits de synthèse.

Depuis un grand plan de relance de la lavande, à redonner à cette culture une certaine dynamique qui sera de nouveau freinée dans les années 2005-2015 par une maladie apportée par la « cicadelle » (Hyalesthes obsoletus) qui attaque les plans les dessèche et ils meurt la même année.

Seule l’huile essentielle issue de cette production sur une zone déterminée et à plus de 800 m, bénéficie de l’Appellation d’Origine Contrôlée (A.O.C. Haute Provence-1981 qui s’est transformée aujourd’hui en AOP) Huile essentielle de lavande de Haute-Provence.

On recense environ 5 000 hectares cultivés dans les 4 départements producteurs (Drôme, Vaucluse, Alpes de Haute Provence, Hautes Alpes) dont 4000 pour l’huile essentielle et un peu moins de 1000 pour les bouquets.

La Lavande est généralement cultivée entre 700m et 1000 à 1200 m (le lavandin en dessous de 600m).

On reconnait un champ de lavande sauvage ou les plans ont un patrimoine génétique différent au fait qu’il est varié en couleur. Si c’est des clones, la couleur sera uniforme comme pour le lavandin. Les lavandes poussent verticalement alors que le lavandin pousse en « éventail ».

Un pied de lavande est exploité en moyenne une dizaine d’années. La récolte pour distillation s’effectue dans la première quinzaine de juillet.

HISTORIQUE

Il y avait en 2000, 400 producteurs de lavande pour l’HE pour 14 millions de francs pour 35 T de lavande clonale et 25 T de lavande population, et la filaire était viable.

La France produisait en 2001 :
+ 70% de la production mondiale de HE de lavande fine, soit 65 tonnes (90 tonnes sur le plan mondial) pour le reste la production se répartissait entre la Bulgarie, la Moldavie, l’Ukraine et la Russie.
+ 80% est exporté vers les USA, le japon, et les autres pays d’Europe

Il y avait en 2019, 1300 exploitations (situées dans le Vaucluse, la Drôme et les Alpes de hautes Provence pour 150 unités de distillation)

La France produisait en 2019 :
+ 90% de la production mondiale de lavandin soit 20 000ha donnant près de 1400 tonnes de HE et 5000 ha de lavandes pour 100 tonnes de HE principalement destinées à la parfumerie.
+ 80% des HE produites dans le monde servent à la parfumerie comme par exemple :

  • Guerlain « Insolence »
  • Serge lutens : « Encens et Lavande »
  • Molinard « Lavande »
  • Roget et Gallet « Eau parfumée Lavande »
  • Creeds « « Aventus », « Fiorentina » et « Aberdeen »
  • Atkinsons « english lavender »
  • Yardley « Orignial english lavender »
  • Woods of Windsor « Lavender »…

ACTUALITE

En 2023 on se retrouve avec une sur production de 30% qui laisse des agriculteurs sans possibilité de vendre leur récolte à des prix viables pour leurs exploitations. Un « dispositif d’aide exceptionnel » est lancé par le gouvernement du 19-06-23 au 28-07-23 à 14h !!!
Et il est clair que pour certains producteurs cela ne suffira pas… Attendons-nous donc à une hausse importante du coup de cette matière première…dans les années à venir. Cette aide recouvre tout le secteur « lavandifère » : fine, aspic et lavandin qui est le premier des trois touché.

Il prévoit un budget de 10 Millions d’euros dont 9 seront consacrés à compenser les pertes économiques de 2022 au regard de la conséquence de la guerre en Ukraine… !!! Ce plan de « sauvegarde » prévoit en fait de dédommager l’arrachage !!! … Plus que de restructurer la filaire qui aurait bien besoin d’une réflexion globale avec tous les partenaires et d’un travail de reconversion vers d’autres espèces pour les producteurs afin de leur assurer un revenu viable.

A savoir que depuis 4 ans on sait que la filière lavandin, est déficitaire et que l’arrachage est à la clé depuis 2 à 3 ans…

HE ET ODEURS

Nous avons pour la majorité d’entre nous dans nos narines qu’un repaire olfactif : le lavandin. Je constate souvent quand je fais sentir de l’HE de lavande fine que les stagiaires ne connaissent pas réellement sa fragrance. Surtout si elle est sauvage cueillie à 1700 m là c’est une Rolle Royce*…

Il existe dans l’hexagone une route des lavandes comme un route des vins !

Petite idée de rentabilité :
+ Une lavande clonale a un rendement moyen de 30 à 50 k/ ha
+ Une lavande population de 10 à 20 k/ha.

Une norme AFNOR définit les caractéristiques qualitatives des HE de lavande fine.

Il y a donc quelques différences de composition d’une lavande fine ou d’un clone (Lavande vraie). Pour autant nous n’allons pas chercher si loin et faire un résumé des principaux composants ci- dessous. Toute fois le cherchant peut aller à cette adresse et visualiser les éléments de différence : https://www.compagnie-des-sens.fr/differences-huiles-essentielles-lavandes/

PRINCIPAUX CONSTITUANTS CONNUS DE LA HUILE ESSENTIELLE DE LANVANDULA ANGUSTIFOLIA

Son usage est multiple : parfumerie, pharmacie, aromathérapie-aromacologie, olfactothérapie

Elle contient : des éthers de linalyle, de géranyl et de lavandulyle (35 à 55 % d’acétate de linalyle) ; du géraniol, acétate de linalol ( 35% à 40 % qui a une odeur de bergamote), du cinéol, du géraniol, du d-bornéol, du limonène (1,5%), des terpènes : limonène, dipentène, camphrème, de l’alpha-pinène, du caryophyllène, des cis-beta -ocimènes ( 3 à 9 %) des trans- beta-ocimènes (2 à 5%), des éthers butyriques et valérianique, de la coumarine ( 2%)…

Il est à noter que comme pour toutes les HE la composition varie en fonction du le biotope, du plan de lavande population ou clône, du terroir et du procédé de distillation.

Les propriétés notées par de nombreux auteurs convergent, nous vous les résumons ci-dessous :

  • Antispasmodique, décontractant musculaire ++++ (linalol et acétate de linalyle)
  • Antalgique ++++ (linalol et acétate de linalyle)
  • Calmante, sédative et antidépressive +++ (sesquiterpènes, alcools terpéniques et esters)
  • Hypotensive +++ (sesquiterpènes et esters)
  • Antiseptique (alcools terpéniques) +++
  • Tonique cardiaque +
  • Cicatrisante +
  • Anticoagulante, fluidifiante +

Pour l’anticoagulante il est préférable d’avoir recours à l’hélichryse si l’état de santé le permet, et pour l’aspect coagulant a la HE de ciste ladanifère

USAGE EXTERNE :

Elle peut être diluée dans une Huile Végétale, pour en faciliter l’application, en vaporisation sur un buvard ou touche à parfum…

Elle est cicatrisante, antiseptique, parasiticide, insecticide, antivenimeuse, régulatrice du système nerveux… elle compte de nombreuses qualités.

Elle permet de soigner les plaies de toutes natures : simples, atone (ulcère des jambes) infectées, gangreneuses, syphilitiques, chancres, fistules anales… acné et couperose ; piqûres d’insectes et morsures d’animaux et de vipère (en traitement d’appoint) pédiculose et gale…

Pour les peaux sèches : l’eczéma chronique périnéal et péri anal ;

Mais aussi les leucorrhées ou pertes blanches ; les brûlures et les affections pulmonaires 

Pour tout ce qui est plaies et brûlures diluée dans de l’huile végétale de sésame ou d’olive si nécessaire.

L’HE tue le bacille de la tuberculose à la dose de 0,2 pour mille ! Le bacille de la typhoïde à 4,5% et le staphylocoque à 5%… Les vapeurs de l’essence détruisent le pneumocoque et le streptocoque

Elle est signalée hémolytique en 12 à 24 heures….

Les fleurs ne supportent pas le transport, il faut donc la distiller sur place. Deux cents kilos de fleurs fraîches donnent un litre d’HE pour un rendement de 0,5 %. Comparativement pour 50k d’aspic on obtient la même quantité d’HE rendement 2%

Certaines lavandes population peuvent donner jusqu’à 1,5 parfois 1,8 %

Sa couleur jaune foncé à verdâtre et son odeur forte, en font une incontournable des orgues à parfum

L’HE de lavande fine facilement falsifiable avec mélangée à de petites quantités d’Aspic (ce qui est le « moins pire »), de Térébenthine, de Sauge espagnole, de cèdre, d’esters ou d’acide laurique…

On peut également utiliser plus aisément son eau florale qui est beaucoup moins cher et en faire des gargarismes, des lavements vaginaux diluée dans de l’eau tiède, des compresses « lavantes » pour toutes blessures de l’épiderme, ou dans un gel pour les mains…

On peut aussi faire une macération solaire de millepertuis dans de l’huile d’olive de haute qualité et y ajouter quelques gouttes HE de lavande fine, ce qui permet d’obtenir un produit intéressant pour les douleurs du dos, appliquée en massage léger et qui est très efficace suivant certains auteurs…

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