Le saule blanc

14 novembre 2023

Le saule blanc appartient comme tous les saules à la famille des salicacées qui comptent près de 300 genres. Cette famille se retrouve principalement dans les régions froides et tempérées de l’hémisphère nord, peu dans l’hémisphère australe : en Afrique et Amérique du sud, mais aucun en Australie…
« Le genre « salix » a été créé à la fin du XVII par Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) professeur de botanique du roi et au collège de France. Le nom latin de l’arbre a été conservé par le botaniste, sachant qu’au XIII siècle le saule était déjà très utilisé, il était nommé en Francique « salaho » qui est la racine du mot « saus » ou saule. On ne dit d’ailleurs que peu une saussaie, mais plus une saulaie… » Sic Pierre Lieutaghi dans « Arbres, arbustes et arbrisseaux » ou il leur consacre un chapitre de 48 pages !

BIOTOPE

Le saule blanc est le plus grands des saules arborescents. C’est le plus commun dans nos campagnes, on le trouve le plus souvent en bordure de rivières et en lisière de forets humides, ainsi que dans une terre limoneuse.
Dans les régions tempérées il préserve les rives des cours d’eau, en empêchant leur effondrement et en limitant l’érosion. D’autre part en cas de crue, ils ont une grande capacité d’absorption de l’eau qu’ils rejettent dans l’atmosphère. Sa longévité dépasse rarement les 100 ans.
Le saule aiment les sols légers, frais ou légèrement mouillés. On le rencontre avec les aulnes ou des peupliers et jusqu’à 1400 mètres d’altitude que ce soit en France continentale, en Corse, en Belgique et en Suisse… Ce sont des arbres à croissance rapide, ils furent souvent plantés pour récolter les branches de l’année pour la vannerie, ce qui leur donnera une forme en « têtard » due cette taille qui se fait généralement au sortir de l’hiver et avant l’apparition des bourgeons.
Pour autant la vannerie que l’on trouve le plus souvent aujourd’hui venant d’Asie, les saules échappent à la taille et redeviennent en partie sauvage.

Tronc
Il peut atteindre 25 mètres et faire 1 mètre de diamètre, s’il n’est pas taillé pour son osier, son écorce grisâtre se fendille avec l’âge.

Feuilles
Ses feuilles sont caduques, simple et alternes, très finement dentelées, généralement 3 à 4 fois plus longues que larges brillantes sur la face supérieure, elles captent la lumière d’une manière très particulière qui lui donne une couleur repérable de loin, ou de haut. Il est dit que les voyageurs en montgolfière se fiaient à lui pour suivre les cours d’eau au sol, et ainsi s’aider dans leur repérage. Elles sont argentées sur la partie inférieure.

Fleurs
elles sont présentes en avril mai sous nos latitudes.
C’est une espèce dioïque (se dit d’une espèce dont les fleurs unisexuées mâles : à étamines ; et femelles : à pistil ; sont portées par des pieds différents) les chatons mâles sont assez décoratifs plumeux et pendant, épais et plutôt cylindriques de couleur jaune vert. Les fleurs femelles érigées et denses sont d’un vert franc, légèrement coniques avec de toutes petites fleurs comme enchâssées les unes à côté des autres, qui donnent un chaton blanchâtre à maturité.

Bois
Le bois du saule blanc est blanc-rosé. C’est un bois est léger, qui fut utilisé en sculpture et en tournage (jouets et sabots), son écorce est très appréciée pour les propriétés toniques. On en extrayait la Salicine avant de la produire de façon synthétique.
Il est mécaniquement proche du bois de tilleul et de peuplier, il donne chevrons et voliges, autres petites pièces de charpentes, planche pour menuiserie et bâtis d’ébénisterie, latte pour caisse, caissette, et boite à fromage.


Il fut employé en tonnellerie, en construction navale pour construire des barques sa fond plat, mais aussi des maillets, le bois de Salix alba ssp coerulea est recommandé comme étant le meilleur au monde pour les battes de criquet, d’où le nom de l’arbre en anglais : « criquet willow »
Les saule têtards fournissent des blanches plus épaisses qui servent de perches, d’échalas, c’est de ces branches que l’on fait les boites de fromages, les claies, des bâtis de tamis et plus rarement des vanneries d’extérieure nécessitant des branches de diamètre plus épais que celle pour les paniers.
Les lattes de bois étaient aussi utilisées pour ré-aiguiser les couteaux. Il était une aubaine, pour le boulanger « pour donner un coup de feu » à son four et en faire rapidement monter la température.
Son charbon était très prisé.

Osier
Ses tiges comme je le disais plus haut, sont fort appréciées hier comme aujourd’hui dans le renouveau de la vannerie. Elles servaient aussi à ficeler les bottes avec un nœud très particulier et très solide. Dans les vignes elles permettaient d’attacher en hauteur les grappes pour en faciliter la maturité, quant aux écorces elles servaient de ligatures pour les jeunes plans comme pour les greffes.
Une de ses sous espèces Salix album ssp vitellina Arcangeli est appelé aussi osier jaune, il a une couleur dorée au séchage qui était très apprécié en vannerie, on le trouve encore aujourd’hui souvent abandonné dans la taille et un port de grand arbre courbé.
Ce sont les couleurs gris et vert qui sont plus en « vogue » aujourd’hui en matière de vannerie ou les écorces sombre d’espèces américaines.

Autres usages
Les écorces étaient également séchées et servaient à tanner le cuir
Les feuilles ont été utilisées en fourrage en particulier celles du saule marsault ou cendré, elles fournissent par leur viscosité, une abondante matière première pour la propolis et Virgile conseillait déjà de planter des saules proche des ruchers qui permettait de faire une cire de belle qualité.

Les fleurs précoces sont une ressource inestimable pour les ruchers, le pollen d’une grande vitalité est nécessaire aux abeilles à la sortie de l’hiver pour leur donne une nourriture « consistante ».
Les fleurs également étaient utilisées pour fournir un beau colorant jaune, qui fut longtemps utilisé et que l’on retrouve aujourd’hui dans la collection du jardin des teintures de Lauris.
https://www.lauris.fr/fr/jardin-des-plantes-tinctoriales

Thérapeutique

« Salix » en latin veut dire saillir c’est à dire croitre rapidement. Une particularité de cet arbre est sa rapidité et puissance de croissance qu’il est possible de mesurer en mettant un repère, par exemple en mettant un morceau de laine rouge à un nœud et de mesurer ainsi l’évolution quotidienne qui s’accélère dès que le soleil chauffe. Il a aussi une propension à drageonner : faire des repousses à partir de la base. Ces deux éléments témoignent de sa vitalité qui est une des arguments de sa thérapeutique.
Ses effets thérapeutiques semblent connus depuis fort longtemps
On sait aujourd’hui que ses feuilles contiennent de la salicine, principal composé de l’Aspirine qui a une action sédative et fébrifuge, antispasmodique, astringente, anti-inflammatoire, anti ovulatoire, hémostatique.
Pourtant ces connaissances n’étaient pas présentes à une époque plus ancienne ou certains le prescrivait déjà :

  • Dioscoride Iè siècle (20 -90) utilisait les feuilles comme hémostatique (à défaut aujourd’hui c’est la HE de Ciste ladanifère qui joue ce rôle), et le considérait comme une drogue anticonceptionnelle.
  • Galien, IIè siècle, recommandait ses feuilles broyées ou mâchées sur les plaies fraiches pour resserrer les chairs, il utilisait aussi beaucoup la sève de l’arbre en cure de printemps
  • Au Moyen Age et à la Renaissance, c’est plus ses propriétés calmantes qui sont mise en avant avec l’usage des chatons utilisé dans l’hyperexcitabilité sexuelle que l’on appellera plus tard grâce à Freud : l’hystérie.
  • Albert Legrand (XIII) assure que sa graine éteint l’esprit de luxure et rend les femmes stériles.
  • Rambert Dodens dans son histoire des plantes de 1557 : « les feuilles vertes pilées bien menu et appliquées autour des parties honteuses ostent l’appetit du jeu d’amour ».
  • Daléchamps dans son histoire naturelle des plantes (1586) dit : « les feuilles pilées et prises en brevage refroidissent ceulx qui sont trop echauffez au jeu d’amour, et mesme qui continueroit d’en prendre, elle rendroient la personne du tout inhabile a ce mestier ».
  • Il fut employé par Etner dès 1694 contre les fièvres intermittentes et tout au long du XVIIIè des médecins, vont relater ses effets bénéfiques.
  • Hartman (1781) souligne que son écorce est un puissant vermifuge
  • Leclerc (XIXè) a publié sur les bons effets du saule dans la dysménorrhée, l’atténuation des douleurs, et la disparition des troubles nerveux qui en dépendent.
  • Cazin écrivait en 1850 : l’écorce de saule blanc doit être considérée comme l’un des toniques indigènes les plus énergétique. Il la conseille aussi pour les parasites intestinaux (type ascaride)
  • Lieutaghi ethnobotaniste français, nous dit : « en phytothérapie moderne on lui fait confiance pour ses qualités antispasmodiques », et ajoute « on pourrait aussi mettre a profit les propriétés antispasmodiques des fleurs dans les maux d’estomac, d’angine nerveuse, car la plante tout en calmant le spasme a un heureux effet tonique sur la digestion ». « Le salicoside donne par hydrolyse du glucose et de l’alcool salicylique ce dernier par oxydation donne l’acide salicylique. Et c’est à cause de lui que le saule tient le premier rang des fébrifuges végétaux indigènes. Elle est de toutes les écorces d’arbres d’Europe celle qui se rapproche le plus du quinquina ».

SYMBOLIQUE

Associé au culte de la Terre-Mère, il représente les cycles de la femme et les cycles lunaire. Pour les druides il protège des maladies humides. Montre une spiritualité élevée et équilibrée. Il était très prisé en magie pour attirer l’amour et fabriquer des baguettes magiques.
Considéré comme un arbre solaire, et funéraire rôle qui jouait et joue encore en Chine, il était placé à proximité des portes en direction de la sortie des maisons, pour accompagner dans l’autre monde. On l’appelait « Liou » ou arbre des portes. Il est présent dans les cérémonies funèbres, où une branche était déposée sur les cercueils dans la dynastie Tchéou (11 siècles avant notre ère) il apportait au défunt un message d’immortalité et d’éternité.
A bannière de saule : « Liou tsing » était portée par la famille derrière le cercueil le corbillard en son entier portait le nom du saule.
En chine on décore toujours les portes de « Liou » au solstice d’été qui marque la mort symbolique du cycle solaire. Sic De Gubernatis.
Cette coutume est revenue en Europe à la fin du 18 è siècle et il existait alors l’usage d’allumer les feux de la Saint Jean avec ses fines branches et de décorer les portes des maisons de branches feuillues.

Saturne avait adopté le saule comme son arbre symbolique d’où son lien avec la maitrise du temps et de la vie. Pour les grecs et les latins, il était signe de chasteté (comme peut encore l’être le châtaignier) et en conséquence de stérilité.
Son osier servait à faire les ossatures des mannequins qui étaient brûlés dans les feux de la Saint Jean, symbolisant eux de début de l’hiver qui commence comme on le dit en médecine chinoise au cœur de l’été.

L’osier Jaune Salix alba vitellina (ci-dessus) est très apprécié en vannerie pour la belle couleur jaune qui devient dorée au séchage, c’est aussi le saule utilisé par Le Dr Bach pour faire son élixir floral.

Elixir floral du Dr Bach : son mon anglais est Willow
L’élixir est fabriqué à partir majoritairement des fleurs femelles de Salix alba vitellina.
C’est un élixir de Bach qui fait partie de la deuxième série de 19 plantes, et qui est dédié à ceux qui supportent mal l’adversité et l’infortune, qui ne peuvent s’y résigner sans plainte ni ressentiment car ils jugent la vie en fonction de la réussite. Ils trouvent cela injuste et s’aigrissent. Ils perdent de l’intérêt pour leurs activités qui étaient pourtant sources de plaisir.
Pour ceux qui s’apitoient sur leur sort, qui se sentent humiliés ou insatisfaits, qui renvoient la responsabilité sur les autres, et ressentent une injustice. L’élixir floral permet de surmonter l’amertume et le ressentiment, afin de ne pas se sentir victime, mais pour agir de façon créative avec une énergie positive renouvelée.

Bibliographie

Pierre Lieutaghi - Le livre des arbres, arbustes et arbrisseaux - Éditions Actes Sud

Jacques Brosse - Larousse des arbres et arbustes - Éditions Larousse

Le guide des arbres et arbustes – Éditions SRD

De Gubernatis - Mythologie des plantes - Éditions Arché Milano Tome 1 et 2

JF Cazin – le traité pratique et raisonné de l’emploi des plantes médicinales indigènes des plantes indigènes

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