Le sureau Sambucus nigra Famille des Caprifoliacées

22 mai 2024

Le sureau noir est connu depuis la plus haute antiquité (5000 ans AVJC) dans les cultures Européennes et Slaves, particulièrement en phytothérapie pour soigner, entre-autre, la fièvre, les irritations buccales, les problèmes respiratoires dont rhumes, toux, sinusites, ou autres grippes. Il possède bien d’autres cordes à son arc : diurétique, laxatif, antirhumatismal, tonique etc.

PRESENTATION
Tout ou presque dans cette plante est utilisé, de l’écorce aux fleurs, en passant par les feuilles, le bois, les baies. Nous verrons les usages de chacune de ses parties.
Pour sa présentation on le classe dans les arbustes, pourtant il m’est arrivé de voir des sureaux dépassant largement les toits de maisons, il était difficile dans ce cas de parler d’arbustes… arbre…

MISE EN GARDE PAR RAPPORT À L’ESPÈCE
Cette particularité de taille le fait appeler grand sureau, pour le distinguer du Sureau hièble très toxique n’atteignant guère les 1 m de haut… reconnaissable au moment de la fructification car il porte ses baies vers le ciel, alors que S. nigra les porte vers la terre, mais aussi car il a une odeur amère quand on froisse ses feuilles. A ne pas confondre non plus avec Le Sureau rouge (Sambucus racemosa) qui a la même toxicité que S. hièble et que l’on trouve plutôt en altitude.
Le sureau du canada (Amérique du nord et Asie du sud-est) appelé sureau blanc à des baies de couleur pourpre a noir, qui peuvent être utilisées cuites.

BIOTOPE
Il est présent dans toute l’Europe, en Asie de l’ouest, en Amérique du nord, en gros dans une bande qui va du trentième au cinquantième degré de latitude nord…Il est subspontané en Algérie…
C’est une essence de croissance rapide et de lumière ou demi-ombre, rustique, qui apprécie les sols basiques à neutres. On le trouve en plaines comme en montagne jusqu’ à 1600 m et parfois plus sur des versants adrets, dans les bois clairs, les haies, voir des terrains vagues ou parcelles en jachères. Il est aussi fréquent dans des zones nitrophiles c’est-à-dire proche de lieu de vie animale et humaine.
Familier des humains depuis des millénaires, il se ressème volontiers quand les baies tombent au sol, dans des friches, des décombres, des remblais, des zones de travaux….

SON NOM
Son nom vernaculaire de « Sureau » vient de l’ancien français seu ou seur voulant dire « sur » ou acide.
Son nom scientifique Sambucus nigra, vient à l’origine du grec : ??????? sambukê qui signifie flûte ou petite harpe. Il est vrai qu’enfant mon père nous faisait des petits flûtiaux dans une branche assez fine, coupée avec soin.
Il existe 3 principales sous espèces de Sambucu nigra :
Sambucu nigra L. ssp nigra
Sambucu nigra L. ssp canadensis
Sambucu nigra L. ssp cerulean
On l’appelait aussi : hautbois, sambuc, sambus, saou, arbre de judas (peut-être parce que le champignon oreille de judas aime son tronc), seuillon, susier et même arbre des fées.


Aquarelle originale de Simone Sarah Chabert soumise à droits

SA FAMILLE BOTANIQUE
Elle réunit des plantes dicotylédones, d’ordre Disacales et de sous classe Asteridées donc de plantes assez évoluées. Elle est composée principalement d’arbres, arbustes, lianes mais peu de plantes herbacées. Cette famille à beaucoup « bougé » avec le temps a donc été éclatée et parmi les plus connus on trouve encore les genres : Sambucus- sureau ; Lonicera-chèvrefeuilles ; - viornes ; Centrentus-centranthe ou Lila d’Espagne appartenant précédemment à la famille des valérianacées ; Dipsacus-Chardon Cardère…

TOXICITE POTENTIELLE
Dans certains ouvrages il est décrit comme toxique la cause en est que son bois, son écorce sont toxique, tout comme ses baies crues. La cuisson des baies détruit les deux alcaloïdes glucosides cyanogénétiques : imputé dans la toxicité. A la digestion, leur transformation en acide cyanhydrique est activée par les sucs gastriques, l’ingestion crue peut être fatale.
Des études récentes s’intéressent au haut potentiel phyto-pharmacologique des feuilles…

DESCRIPTION
Arbrisseau ou arbuste allant de 2 à 6 mètres de haut en général, ses rameaux sont ligneux gris-verts quand ils sont jeunes, gris brun au bout d’une année…
Les branches contiennent une moelle blanche (nous y reviendrons dans « les plus » en fin d’article).
Les feuilles imparipennées ont 5 ou 7 folioles lancéolées, longues de 10 à 15 cm, larges de 3 à 5 cm pointues et dentelées de façon irrégulière.
Les fleurs blanc-crème et parfumées, sont en corymbe souple, elles apparaissent après les feuilles. Les corolles, composées de 5 pétales arrondis et 5 étamines. La floraison se fait durant les mois de mai et juin en fonction de l’altitude.
Les baies ou fruits sont noir à maturité (une espèce a des fruits blancs), ils suivent rapidement la floraison… et peuvent être présents jusqu’à septembre…chaque baie contient 3 graines brunes.

Photo de Simone Sarah Chabert soumise à droits

LES DIFFERENTES PARTIES DU SUREAU SUR LE PLAN THERAPEUTIQUE

L’écorce
Elle était utilisée dans le passé séchée avec des racines et des feuilles en tisane voire décoction (si racine). L’écorce aide en cas de rétention urinaire, et de colique néphrétique (il est important de rappeler ici que l’on ne boit pas pendant les crises, mais après). Elle était jugée comme diurétique et laxative.

Les feuilles
Les feuilles fraîches, riches en tanins et en nitrate de potasse fournissent un cataplasme de choix pour les brûlures et contusions. Elles contiennent aussi du cadmium, du fer, du plomb, et un glucoside cyanogénétique : la sambunigrine, mais aussi d’autres hétérosides comme la choline, prunasine, l’holocaline et la zierine.
On trouve dans les feuilles les fleurs et les fruits verts de l’invertine et de l’émulsine.

Les fleurs
Les fleurs de cet arbuste relativement exceptionnel, ont-elles aussi de belles qualités. Elles sont hermaphrodites et peuvent être utilisées en tisane, en sirop, en limonade, en élixir floral …
Elles ont la réputation d’être antivirales, expectorantes et décongestionnantes, elles stimulent l’immunité, dégagent le nez, la gorge et les oreilles. Dépuratives et diurétiques comme les baies, elles facilitent l’élimination des toxines.
Leur pommade soulage les irritations, les inflammations locales comme pour les douleurs rhumatismales. On peut en préparer un cérat dans lequel on ajoutera de la HE d’Eucalyptus citronné (Corymbia citriodora) en cas de rhumatismes, ou du géranium rosa (Pelargonium rosat) en cas d’irritation de la peau.
On en prépare aussi une limonade et un sirop, dès que les fleurs sont épanouies.
On peut également en faire des beignets en préparant une pâte à beignets, en trempant les corymbes complets, puis en les posant délicatement dans une poêle chaude et en coupant alors toutes les tiges qui dépassent de la pâte.
Dans différentes régions du monde il est aussi utilisé comme sudorifique, et contre la grippe sous forme de tisane de fleurs


Photo de Simone Sarah Chabert soumise à droits

On prépare enfin un élixir floral (EF) de sureau : qui aide à dépasser le sentiment de honte ou d’imperfection, qui permet de travailler sur les côtés obscurs de sa personnalité. Il est une belle aide quand on se sent abandonnée ou plein d’incertitude… Sic Laboratoire Deva.
C’est en fait un puissant catalyseur de transformation et d’évolution, comme il l’est dans son biotope. Il aide à retrouver confiance en soi, apporte légèreté (par ses souples corymbes ou fausses ombelles). Il permet aussi de « tomber le masque » et de se montrer plus authentique.
Les fleurs et baies sont antivirales et antigrippales


Photo de Simone Sarah Chabert soumise à droits

Les baies
Les baies sont très riches en :

  • - Vitamines : A, B (B1, B2, B3, 5, B6) et C 1
  • - Minéraux : calcium, magnésium, fer, zinc, phosphore et potassium.
  • - Tanins : polyphénols dont des anthocyanidines, qui leur donnent leur couleur noire

Les baies crues, qui contiennent un alcaloïde, sont en revanche laxatives et peuvent provoquer des nausées et des vomissements si elles sont consommées en grande quantité. L’alcaloïde est détruit par la cuisson.
Les baies de sureau seraient parmi les fruits d’Europe les plus riches en antioxydants.
Elles en contiendraient deux à trois fois plus que les myrtilles, qui sont déjà bien pourvues.
« Elles seraient utiles pour ralentir le vieillissement, diminuer le risque d’apparition du cancer ou des maladies métaboliques comme le diabète, ainsi que pour la santé du cœur » 1.
Il faut toujours les consommer cuites en Chutney ou confitures, en gâteaux ou gelée ou en jus.

INTERACTIONS AVEC SON MILIEU
* Ses feuilles sont présentes tôt au printemps, c’est une des premières nourritures pour les chenilles de certains papillons : sphinx, Eupithécie, Mechanchra et autre phalène du sureau…
* Le champignon oreille de Judas, pousse fréquemment sur son tronc.
* Le sureau noir abrite aussi une espèce de pucerons intimement liée à l’arbre : le puceron noir du sureau, qui fait tout son cycle avec cette espèce, les œufs sont en proximité des racines, les adultes s’enroulent en manchons noir autour des pousses jeunes accumulant ainsi la sambunigrine qui les protège de certains prédateurs… Les fourmis se nourrissent de leur miellat, seule la coccinelle à deux points peut avoir raison d’eux…
* Il est aussi un aliment pour plus de 60 espèces d’oiseaux.
* Aujourd’hui les agriculteurs (en intensif) les ont détruits et déterrés massivement. Il reste collé à lui une imagerie de malfaisant et il est souvent coupé pour cela… bien qu’il ait tendance à repartir de sa souche. Il est éradiqué violemment dans toute exploitation contemporaine, alors avant 1970 qu’il trônait en maitre dans un verger ou un champ de pâture.

STATUT DE PROTECTION
Sambucus nigra est mentionné sur la Liste rouge de la flore vasculaire de France métropolitaine (2019) Sous le statut LC de « préoccupation mineure ».
Il est malgré tout beaucoup éradiqué dans les champs, prés, partout là où il gène au passage des engins agricoles et forestiers...

EN PLUS

  • Pline l’Ancien (Iè) et Galien (IIè) le recommandait contre les catarrhes, les excès de mucus
  • Les natifs d’Amérique du Nord utilisaient S. canadensis pour les mêmes recommandations.
  • Dans le canton du Valais (Suisse) il était utilisé avec la bétoine en compresse pour soulager les varices, grâce à son coté astringent lié à Saturne
  • En 1986 une commission de santé allemande a approuvé l’usage de ses fleurs pour le traitement du rhume.
  • En 1995 dans un kibboutz lors d’une épidémie de grippe, une partie des personnes ont été soignée avec un sirop des baies, résultat amélioration au bout de deux jours pour ceux traité et 6 jours pour ceux ayant reçu un placébo…
  • En 1999 !!! l’OMS a reconnu les usages traditionnels des fleurs dans l’effet sudorifique et expectorant…
  • En 2014 une revue ( Journal of Dietary Supplements, vol. 11, no 1,) ? publie une étude très documentée montrant les effets antiviraux des extraits de fleur et baies de sureau sur les symptômes de plusieurs maladies virales (virus humains, animaux et zoonotiques)
  • En 2015 deux chercheurs Knudsen et Kaack ont montré que son extrait peut réguler le métabolisme des graisses, du glucose, de l’insuline, diminuer celui du cholestérol et des lipides.
  • Depuis le début des années 2020 des études montrent l’intérêt de Sambucus nigra, dans les cas de Grippe A et B, de VIH, de dingue, d’herpès humain de type 1, dans le coronavirus, et dans le bronchite infectieuse…
  • Dans certaines traditions initiatiques des parties de branches sans nœuds, peuvent donner naissance à ce que certains appellent le « bâton tonnerre », qui doit être percé au centre selon une méthode particulière, et au final être associé à de la sodalite et du cuivre.Il permet à ceux qui suivent cette voie, d’ouvrir des dispositions favorables pour accomplir certains travaux.

RECETTES
Limonade de sureau ou pétillant de sureau ou champagne de sureau, ou boissons des fées.
Voir rubrique recette : https://lasauge.org/spip.php?article386&var_mode=calcul

Rob de sureau
Les robs sont des jus épaissis par cuisson douce, jusqu’à obtention d’un produit entre le liquide et la pâte. Il est possible avec le jus des baies et du sucre de réaliser un rob utilisé comme remède en hiver contre les rhumatismes.
Gelées et confitures se font généralement avec les baies matures.
Le sirop lui est le plus souvent fait à partir des fleurs.
https://www.marmiton.org/recettes/recette_sirop-de-fleurs-de-sureau_31811.aspx

SOURCES : 

Livre

 

Sous la protection du sureau
Auteur Bernard Bertrand
Éditions DU TERRAN

Dans cette collection nommée par Bernard Le compagnon végétal tous les ouvrages devraient être dans les bibliothèques tant il y a d’informations courantes, pour des plantes amies.

 

Sites

[1] https://www.lanutrition.fr/les-atouts-sante-du-sureau-noir?

[2]https://www.lamaisondusureau.com/

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